Jean-Paul
BELMONDO

Numéro 11, janvier 2004


Je ne vis que pour jouer et continue à jouer quand je vis.

Le 9 avril 2003, Jean-Paul Belmondo a célébré son 70-ième anniversaire. Acteur sans égal, excellant cascadeur, Belmondo a maîtrisé presque tous les genres cinématographiques, dont l’aventure, la fantaisie, l’action et le drame. Aujourd’hui, il méprise la vieillesse, et l’amour populaire ne le quitte pas.

Jean-Paul est né à Neuilly-sur-Seine, le 9 avril 1933. Ses parents, dont le père sculpteur réputé d’origine sicilienne, et sa mère, artiste-peintre, restent toujours un exemple pour lui. Alain, son frère, est directeur de production et sa sœur Muriel est danseuse.

Dès son enfance, Jean-Paul fréquentait plusieurs écoles parisiennes mais n’y restait jamais très longtemps car il était plutôt chahuteur…

A seize ans, passionné par le sport, il pratiquait le football et la boxe et se rendait également à l’Avia-Club, un gymnase où il a rencontré le boxeur Maurice Auzel, futur champion de France. Cependant il rêvait de devenir acteur et préparait le Conservatoire chez Raymond Girard. A bout de souffle (1959)

En juillet 1950, Belmondo a débuté sur scène avec une tournée dans les hôpitaux de Paris, dans le rôle du Prince de “La Belle au Bois Dormant”. En 1951, il a passé le concours d’entrée au Conservatoire et a fait la connaissance de Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Beaune et Pierre Vernier qui sont devenus par la suite ses grands amis. Ils s’amusaient comme des fous, en faisant sans cesse des blagues. Un jour, par exemple, Jean-Paul a ramassé un clochard à qui on refusait l’entrée au Conservatoire et a prétendu que c’était son père. Apitoyé, Pierre Dux, son professeur, lui a offert un costume! Quand il a su que c’était une blague, il était fou de rage.

En décembre 1953, Belmondo a épousé Elodie, danseuse à Saint-Germain-des-Prés. Elle lui a offert trois enfants: Patricia, Florence et Paul. En se souvenant de la naissance de Florence et de Paul le père heureux aime raconter comment il s’est fait casser la gueule par la police. Encore un détail amusant: il a tellement arrosé la naissance de son fils qu’il n’a retrouvé sa voiture que trois jours après.

Pierrot le fou (1965)Le 1er juillet 1956, Jean-Paul est sorti triomphant du Conservatoire, après avoir obtenu du Jury un “premier accessit6” pour “Amour et Piano”, de Georges Feydeau et un “second accessit” pour “Les Fourberies de Scapin”.

Il a débuté à l’écran dans de petits rôles en 1957, c’était “Sois belle et tais-toi”, “Les tricheurs” et “Les copains du Dimanche”. En 1959, Belmondo a tourné “A double tour” de Claude Chabrol, puis c’était la révélation avec “A bout de souffle” de Jean-Luc Godard dont il était la vedette aux côtés de Jean Seberg. C’était un vrai raz de marée, le conte de fées, la célébrité. Il s’est retrouvé à Rome, avec Gina Lollobrigida, Sophia Loren, à la grande époque de Cinecittà. François Truffaut a déclaré un jour: “Pour moi, cela ne fait aucun doute, Jean-Paul Belmondo, est le meilleur “jeune premier” actuel, le meilleur et le plus complet. Belmondo peut jouer avec autant de vraisemblance et dBorsalino (1970)e naturel un aristocrate ou un garçon du peuple, un intellectuel ou un gangster, un prêtre ou un clown.”

A partir de 1964, Jean-Paul Belmondo a rencontré un grand succès populaire avec plusieurs films et a abordé tous les genres; l’aventure avec “100 000 dollars au soleil”, “L’homme de Rio”, la fantaisie avec “Les tribulations d’un Chinois en Chine”, “Pierrot le fou”, l’action avec “Borsalino”, le drame “Week-end à Zuydcoote”... “Ce que j’apprécie le plus dans ma gloire, c’est la possibilité de pouvoir jouer ce que je veux. Je suis fier d’être une vedette populaire. Si dans dix ans, j’ai disparu du podium, j’espère que certains de mes films passeront dans les cinémathèquePeur sur la ville (1975)s et que l’on dira de moi : il a fait une belle carrière”.

Mais, sa carrière ne s’est pas arrêtée là. Jean-Paul a “tapé dans le mille” avec des films tels que “Flic ou voyou”, “Le guignolo”, “Le professionnel”, “L’as des as”, “Le marginal”, “Les morfalous” ... tous des succès au box office français. A cette époque, il semblait que le célèbre comédien ait le souci de modifier son image auprès du public. C’est ainsi, par exemple, qu’il a mis fin à sa longue collaboration avec René Château qui s’occupait du lancement de ses films depuis 1968.

Jean-Paul Belmondo est également connu comme un excellent cascadeur. Il a pratiquement toujours réalisé ses cascades lui-même. Parfois cela se passait bien, parfois c’était l’accident. Il en est assez souvent critiqué, certains disent que cela fait de Belmondo plus un cascadeur qu’un acteur. Mais il aime les cascades par goût, il aime le risque.

Cette passion ne vient pas tout de suite, elle représente la cohésion parfaite entre le sportif professionnel que Jean-Paul aurait voulu être et l’acteur qu’il était devenu.

Pourtant Jean-Paul ne préparait pas vraiment ses cascades, il arrivait le matin, demandait le plan de travail et se lançait. Ce n’était pas par orgueil qu’il le faisait mais parce qu’il avait un don.Le professionel (1981)

L’une des scènes les plus dangereuses de “L’homme de Rio” était quand le héros, poursuivi par des tueurs, passait du sommet d’un immeuble en construction à un autre grâce à un câble tendu au-dessus du vide. Delamare, qui préparait toutes les scènes périlleuses, avait testé la résistance du câble en y attachant des sacs de pierre du poids de Belmondo. Mais cela s’est avéré insuffisant car lorsque Belmondo s’est avancé sur le câble ce dernier n’était pas assez tendu.

Le professionel (1981)Normalement Belmondo aurait dû passer d’un côté à l’autre mais il s’est retrouvé coincé au milieu. Pour reposer ses mains Delamare lui a dit de s’accrocher autour du câble avec ses jambes. Cela a duré 12 minutes, le tournage se faisait au 4e étage et il faisait une chaleur suffocante.

Pour une autre séquence, où il escaladait un immeuble, Belmondo a exécuté toute la cascade sans l’ombre d’une difficulté et une fois revenu à terre, il a confié qu’il souffrait d’une terrible crise de foie suite à une soirée trop arrosée.

Belmondo pouvait réaliser toutes ces cascades grâce à son excellente condition physique mais aussi parce qu’il n’a jamais souffert du vertige.Les Morfalous (1984)

C’est sur le tournage de “Ho!” que Belmondo a découvert le savoir-faire de Remy Julienne, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux pour toutes les scènes à risque comportant des voitures. Belmondo voyait que techniquement Julienne était au point par rapport à ce qui se passait habituellement dans le domaine de la cascade automobile. Jean-Paul a donc commencé à prendre le volant pour faire certaines choses, puis d’autres choses pour finalement ne plus vouloir lâcher le volant.

Aujourd’hui, Jean-Paul Belmondo ne réalise plus tellement de cascades, il trouve que ce serait trop ringard pour son âge et de plus, il ne peut pas risquer sa vie alors qu’il a 6 petits-enfants.

En 2002 Belmondo a épousé sa compagne Natty, qui partage sa vie depuis 13 ans. La cérémonie a réuni dans la mairie un beau casting d’invités: Claude Lelouch, Francis Huster, Bernard-Henri Lévy, Robert Hossein, Jean Rochefort, Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Marielle. Un an après, Jean-Paul Belmondo est devenu père pour la quatrième fois avec la naissance d’une petite Stella.

Hold Up (1985)A l’âge de 70 ans, au moment où un comédien se doit de mettre en question sa carrière, il paraît évident que Jean-Paul Belmondo, comme Alain Delon, tient avant tout à ne pas rester enfermé dans les légendes qui ont fait sa gloire. “Je ne me suis jamais vraiment projeté dans l’avenir. A 30 ans, je me disais: “A 50 ans, je ne jouerai plus.” J’en ai 70 et je continue. Aussi longtemps qu’on a le désir en soi, on peut continuer. Le jour où je n’aurai plus envie, je m’arrêterai. Mais pour le moment, je ne m’imagine pas aux Caraïbes avec une canne à pêche.”

Des regrets dans la vie? “Pour ma carrière, non. Dans ma vie privée, non plus. Même lorsque je travaillais sans arrêt, je me suis toujours débrouillé pour m’occuper de mes enfants. Je les faisais venir sur mes tournages et j’étais un père présePeut-etre (1999)nt.”

Il croit qu’il y a une autre vie après la mort. C’est pour cette raison qu’il n’en a pas peur. “En tous cas, les cheveux blancs, les rides, je m’en fiche. D’ailleurs, j’avais un visage déjà marqué à 30 ans, et la jeunesse, c’est intérieur.”





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