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DANTON

Numéro 8, décembre 2002

Surnommé l'Aboyeur et l'Indulgent.

Orateur particulièrement éloquent, et populaire, l’avocat Georges Jacques Danton (1759-1794) est un concussionnaire (concussion, malversation dans la gestion des fonds publics) enrichi par la Révolution, qui, après avoir été l’un des instigateurs de la Terreur, souhaitait début 1794 la fin de celle-ci ... afin de pouvoir mener une vie “paisible” ...

DANTON Georges Jacques est né à Arcis-sur-Aube le 26 octobre 1759. Très tôt orphelin d’un procureur, son enfance est celle d’un gamin dissipé. Cet originaire de la Champagne, robuste, le visage abîmé par des accidents dus à sa jeunesse turbulente et à une variole, arrive en 1780 à Paris. Il n’est pas beau mais son caractère, sa voix de stentor et sa vitalité le font aimer des femmes. En 1787 Danton, alors qu’il n’était encore qu’un petit clerc de notaire sans avenir, épouse par amour Gabrielle, fille du patron du café du Parnasse, place de l’Ecole à Paris. (Son amour est tellement fort qu’après la mort de sa femme en 1793 il est allé trouver le sculpteur sourd et muet Deseine, qu’il a entraîné au cimetière Sainte-Catherine, où, de nuit, il a déterré Gabrielle et fait pratiquer par l’artiste un moulage du visage de la défunte9.) Pourtant la dot que lui procure son mariage lui permet d’acquérir une charge d’avocat au Conseil du roi en 1787. Il se spécialise dans les affaires de vérification de titre de noblesse et il en profite pour s’attribuer une particule : d’Anton.

Bien qu’il soit presque parvenu au sommet de la hiérarchie de l’Ancien Régime, il est un révolutionnaire de la première heure. En 1789 Danton appelle les Parisiens à prendre les armes, s’affirmant d’emblée comme un meneur de classes populaires. En mai 1790, il fonde le club des Cordeliers, fréquenté surtout par des ouvriers, dont il devient d’abord l’orateur le plus écouté et puis président. Sa voix puissante lui permet de retenir l’attention de ses auditeurs en surpassant le brouhaha des Assemblées, ce qui lui valut son surnom d’Aboyeur. Membre de la Commune de Paris depuis janvier de la même année, il dirige l’agitation républicaine après la tentative de fuite de Louis XVI.

En juillet 1791, à la suite de la fusillade du Champ de Mars, il doit se mettre à l’abri durant quelque temps en Angleterre. En décembre de la même année, de retour en France, il est élu second substitut du procureur de la Commune insurrectionnelle, et devient ministre de la Justice et membre du Conseil exécutif provisoire après la chute de la monarchie le 10 août 1792. Au lendemain de l’insurrection du 12 août 1792, Danton est fait le chef du gouvernement insurrectionnel. Il est en liaison avec les insurgés de la Commune de Paris. Une fois la Convention constituée, il y siège comme député de la Montagne. Il vote la mort de Louis XVI, participe à la création du Tribunal révolutionnaire, et en avril 1793 entre dans le Comité de salut public qui est le principal organe de l’exécutif sous la Convention. En réalité, c’est Danton, le véritable chef du gouvernement, et il défend une politique de réaction énergique devant le danger de l’invasion prussienne ; il organise des levées d’hommes, pour renforcer les armées de la République et fait arrêter 3000 suspects. Mais en juillet il doit céder sa place à Robespierre car on lui reproche de n’avoir pas pu contrer la flambée royaliste et même de chercher à s’enrichir en profitant de la Révolution. Il s’oppose alors à Robespierre en lui reprochant sa politique de la Terreur. Alors Robespierre et Saint-Just l’accusent de trahir la République et d’être payé par les ennemis et se débarrassent de lui et de ses amis en les décrétant d’arrestation.

Le 30 mars 1794, il est arrêté avec ses amis sous prétexte qu’il est un ennemi de la République. Malgré sa popularité il est guillotiné le 16 germinal de l’an II (le 5 avril 1794) en compagnie de Camille Desmoulins. Avant de monter sur l’échafaud, il dit au bourreau : “Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine.” Ce qu’il a fait...

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