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E comme Etats-Unis
Louisiane, un État à part

Numéro 4, avril 2001

Intitulé officiel : Louisiana (État américain de Louisiane).
Situation : En forme de botte, la Louisiane est bordée par l’Arkansas, le Mississippi, le Texas et le golfe du Mexique, au sud.
Le Mardi Gras à la Nouvelle OrléansSuperficie : 125 675 km2 (moins du quart de la France).
Climat : subtropical. De 10°C (janvier) à 30°C (juillet et août). La plaine côtière est humide toute l’année. La saison des ouragans s’étend de juin à octobre.
Population : 4,3 millions d’habitants.
Capitale de l’État : Baton Rouge.
Population et ethnies : Blancs, Afro-américains, Créoles, Cajuns, Amérindiens.
Langues : Anglais américain, français.
Religions : Catholicisme romain, protestantisme, christianisme afro-américain, judaпsme, cultes vaudou.
Gouvernement : la Louisiane est dirigée par un gouverneur et représentée à Washington par des députés et sénateurs.


La francophonie, les alligators et la nonchalance typique du Vieux Sud suffisent-ils à dépeindre l’atmosphère si particulière de la Louisiane? Le charme de cette terre subtropicale qui doit son nom au Roi Soleil tient aussi aux nombreuses traces de la riche histoire qu’elle a su préserver: héritage français, architecture espagnole, cordialité cajun... Si la culture américaine est venue s’ajouter à cette toile de fond comme un calque, la Louisiane est néanmoins un État américain à part.

Ceux qui partiront à sa rencontre avec en tête l’image romantique des plantations de coton, des robes à crinolines et des concerts de jazz à bord des navires à aubes remontant le Mississippi risquent cependant d’être déçus: la découverte de pétrole dans le sous-sol de l’État au début du siècle a transformé en profondeur les paysages louisianais, les industries ayant rapidement remplacé la traditionnelle culture du coton.

Histoire

Découverte par les Espagnols dès le XVIe siècle, la Louisiane a été explorée un siècle plus tard par un Français, Robert Cavalier de la Salle. Il fait cadeau de ce nouveau territoire au roi de France. En 1699, Pierre Le Moyne d’Iberville prend possession de la Louisiane au nom du roi de France, qui la vendra en 1762 à son cousin le roi d’Espagne. Cette terre redevient française en 1800, mais trois ans plus tard, Napoléon revend la Louisiane pour 15 millions de dollars à l’Union des jeunes États-Unis d’Amérique pour financer ses guerres. Ainsi, en 1812 la Louisiane devient le 18ème État de l’Union.

La Nouvelle-Orléans

De la Louisiane, les Français connaissent surtout La Nouvelle-Orléans. Cette ville est bien sûr le berceau du jazz, dont les origines remontent à l’époque où les esclaves se rassemblaient le dimanche pour danser et chanter. Les musicologues s’accordent pour reconnaître en Buddy Bolden le véritable précurseur du jazz. Certains interprètes originaires de La Nouvelle-Orléans — Louis Armstrong en tête — ont acquis ainsi une réputation internationale.

On peut visiter, à La Nouvelle-Orléans, la «maison d’Edgar Degas». La mère du grand peintre français est née dans cette ville; Degas y a vécu en 1872-1873 et peint 70 de ses tableaux.

Aujourd’hui, La Nouvelle-Orléans, premier port des États-Unis, est une cité moderne dotée d’un quartier d’affaires.

Cajun et créole

En 1756, des Français du Canada fuyant l’Acadie arrivent en Louisiane. Ces Français refusent l’assimilation britannique. Ils veulent conserver leur langue française et leur religion catholique. Cette période de l’histoire est plus connue sous le nom de «Grand Dérangement». Les gens ont trouvé refuge dans les bayous et les prairies fertiles du delta du Mississippi.

La plus importante contribution artistique louisianaise de ces dernières années est liée au renouveau de la culture cajun. Chaleureuse et endiablée, la musique traditionnelle cajun mêle les sonorités de la guitare espagnole, du triangle africain, du violon français et de l’accordéon allemand. Accompagnée de paroles chantées en français, cette musique qui rappelle parfois la country est avant tout l’occasion de danser le two-step ou la valse. Les Créoles noirs ont ajouté des accents de rhythm’n’blues à cette même base instrumentale pour créer le «zydeco», également chanté en français. Ce style musical se caractérise aussi par l’utilisation du frottoir, instrument en métal dont la forme évoque un battoir à lessive sur lequel on bat la mesure avec des cuillers.

La Louisiane offre d’exceptionnels exemples d’architecture coloniale. Le Vieux Carré de La Nouvelle-Orléans et les plantations sur les rives du Mississippi, notamment, regorgent de colonnades et d’ornementations en fer forgé typiques des styles coloniaux français et espagnols. Les édifices louisianais se sont par la suite enrichis d’apports anglo-saxons, souvent mâtinés d’esthétisme grec.

Mark Twain, William Faulkner ou encore Tennesse Williams sont au nombre des grands romanciers américains а avoir transcrit dans leur œuvre l’ambiance particulière du Vieux Sud.

Langue

Les visiteurs sont souvent surpris de ne pas entendre davantage parler français en Louisiane. Américain depuis 1812, l’État a, en effet, eu le temps d’apprendre l’anglais. L’anglais parlé dans le Vieux Sud se caractérise avant tout par son accent. «Louisiana», par exemple, se prononce «LOOZ-ee-na» et «New Orleans» est prononcé «noo-OR-lins»…

Pour minoritaire qu’il soit, le français est cependant bien vivant dans les 22 paroisses qui forment l’Acadiana. Selon une enquête menée en 1990, plus de 40% des habitants de ces paroisses parleraient français, contre moins de 30% dix ans plus tôt. Ces chiffres méritent cependant d’être nuancés. Une certaine proportion de Cajuns, immergés de longue date dans la culture anglo-saxonne, ne parlent en effet que quelques mots de français. De plus, le français n’est en Louisiane qu’en tant que langue parlée, rares étant ceux qui le lisent ou l’écrivent.

Le lexique ci-après n’est qu’un avant-goût des savoureuses sonorités du français cajun, assez proche du québécois.

aster (maintenant), bougue (individu), cadien (cajun), char (voiture), chaudière (casserole), chevrette (crevette), cocodril (alligator), écrivisse (écrevisse), fromille (fourmi), maringouin (moustique), musique а bouche (harmonica), ouaouaron (grenouille), piastre (dollar).

Coutumes

Le Mardi gras, qui clôt le carnaval et embrase La Nouvelle-Orléans en février est sans conteste la plus extravagante coutume de Louisiane. Avant que l’Église catholique ne s’approprie cette manifestation populaire pour inaugurer les quarante jours de carême, le mardi gras était un rite païen célébré pour fêter l’approche du printemps. Il avait également pour but de tourner en ridicule l’aristocratie créole en imitant son fastueux train de vie. S’ils se sont éloignés de leurs significations d’origine, le carnaval et le mardi gras restent cependant d’exceptionnelles occasions de faire la fête. Les défilés des «krewes» (clubs exclusivement masculins dont l’appartenance se transmet de génération en génération) sont le clou du spectacle. Ces parades généralement constituées d’une douzaine de chars suivis de fanfares défilent dans les rues de la ville avant le bal masqué du Vieux Carré.1

Quelques traditions cajuns sont également bien vivantes. Lors des mariages, on organise encore parfois la money dance, durant laquelle les convives épinglent des billets de banque sur le voile de la mariée. Il peut également arriver que l’on se réunisse pour la traditionnelle boucherie hivernale, au cours de laquelle on tue un cochon.

Gastronomie

Au carrefour de diverses traditions culinaires géographiques et historiques, les cuisines créole et cajun figurent parmi les plus originales qui soient. La première, d’influences française, espagnole et africaine, fait la part belle au beurre et à la crème. La seconde, plus épicée, mêle des traditions françaises et locales et emploie volontiers le lard et le «roux», mélange de lard et de farine utilisé pour épaissir les préparations. Le jambalaya, plat cajun, est proche de la paëlla espagnole (riz, fruits de mer, légumes, saucisses et épices mijotés). D’origine créole, le gombo consiste pour sa part en une soupe épaisse à base d’okras (plante potagère dont le goût rappelle les pois ou les fèves). Ce plat qui paraît simple relève en fait d’une fine alchimie d’épices, de roux, de sauce piquante et de saveurs empruntées, selon les cas, à l’andouille, aux écrevisses ou encore aux crevettes. Grand classique de la cuisine cajun, les écrevisses sont cuites à l’étouffée et cuisinées dans une sauce tomate relevée d’oignons et d’épices. Lors des «crawfish cook off», on apporte sur la table un grand plateau d’écrevisses cuites que les convives dégustent avec les doigts. Autre spécialité locale, le po-boy est un sandwich chaud garni d’huîtres ou de crevettes frites ou encore d’andouille (saucisses fumées).

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