télécharger pdf
PIERRE RICHARD

Numéro 7, juin 2002

Pierre Richard

"Un Acteur comique, c'est un extraterrestre".

Le cinéma du XXe siècle connaît plusieurs acteurs d’emploi comique. En France par exemple ce sont Louis de Funès, Bourvil, Fernandel. Mais Pierre Richard est sûr qu’il est influencé avant tout par le comédien italien Toto. Pourtant les critiques le comparent le plus souvent avec Charles Chaplin qui lui aussi a créé l’image d’un homme malchanceux. Une telle comparaison, c’est de l’honneurLe jouet (1976) pour chaque comédien, mais Pierre Richard est devenu acteur comique par malchance : un jour on lui a dit qu’il n’était pas assez beau pour les tragédies. La sensibilité, chez lui, n’est pas qu’un trait de caractère à usage professionnel. Même dans les jeux subtils des moindres tirades qu’il débite à la volée, jusque dans les mimiques que l’on croirait surjouées, Pierre Richard donne des leçons esthétisantes d’émotion.

Acteur, réalisateur et scénariste français né Pierre Richard Charles Léopold Defays le 16 août 1934 à Valenciennes dans la famille d’un entrepreneur chanceux. Le tragique et le comique accompagnent le comédien depuis son enfance. Un de ses grands-pères est aristocrate et l’autre braconnier. Il est tout naturel que le fils d’un entrepreneur et le petit-fils d’un aristocrate doive continuer la tradition familiale et faire sa carrière dans la compagnie de textile. Mais après son baccalauréat il refuse d’être homme d’affaires et suit des cours d’art dramatique au Centre Dullin et chez Jean Vilar. C’est à ce moment qu’il change son nom de Defays contre Richard. Il commence sa vie artistique dans la troupe de Maurice Béjart mais un an après il la quitte en héritant une plasticité particulière qu’il incarne dans ses personnages. Puis, il débute au théâtre sous la direction d’Antoine Bourseillier en jouant des pièces de Mrozek, participe à un spectacle Baudelaire et travaille au théâtre La Bruyère. Bientôt, Pierre Richard présente dans des cabarets parisiens les premiers sketches qu’il compose avec Victor Lanoux. Dans ces sketches il crée l’image d’un hurluberlu timide et distrait. « C’était une période fantastique ! Nous avons joué toutes les nuances de comédie, des farces, des «surs» en passant du concret à l’absurde. Chacun avait son masque, on nous a applaudi ».

Le distrait (1970)Au cours des années soixante, il participe à des émissions télévisées de variétés. Il débute au cinéma en 1967 dans Alexandre le bienheureux d’Yves Robert avec Philippe Noiret interpétant un colosse paysan, doux et rêveur qui « se laisse marier » sans bien savoir ce que lui arrive. Il faut attendre 1970 et Le distrait écrit, interprété et réalisé par lui-même, pour que son talent soit reconnu. Le personnage de Richard, Pierre, est le roi des gaffeurs dont l’imagination fertile déclenche catastrophes sur catastrophes.

L’année suivante, il écrit Les malheurs d’Alfred, qu’il joue et met en scène. Le personnage principal, Alfred, né et vécu avec la guigne, ne voit d’autre salut que dans la mort et décide de se suicider. Facil à deviner qu’il ne réussi pas à se tuer non plus.

Puis c’est le succès du Grand blond avec une chaussure noire réalisé par Yves Robert, qui impose définitivement auprès du grand public le personnage de rêveur, lunaire et bondissant. Dans cette superbe comédie d’espionnage tourné d’après le scénario de Francis Veber, naïf et maladroit François Perrin apparaît sur le grand écran pour la première fois. C’est un inoffensif violoniste, devenu espion malgré lui et jetté dans les bras d’une autre belle espionne, Christine (Mireille Darc).La cavale des fous

La décennie 70 a certes révélé un acteur comique au ton et au talent originaux, mais elle a vu aussi s’affirmer un réalisateur soucieux de marquer au sceau de sa personnalité scénario et images de chacun de ses films. Les comédies se suivent : Je sais rien mais je dirais tout (1973), réalisation et scénario Pierre Richard ; Un nuage entre les dents (1974), avec Philippe Noiret ; Le retour du grand blond (1974) ; La moutarde me monte au nez (1974) ; La course à l’échalote (1975), réalisation Claude Zidi, avec Jane Birkin ; Francis Veber passe derrière la caméra en 1976 en réalisant Le jouet. Il donne à Pierre Richard un de ses meilleurs rôles. Il s’agit d’un journaliste qui, de craint de se retrouver au chômage accepte un jeu bizarre : être le jouet du fils de son grand patron, le P.D.G. Rambal-Cochet. C’est lors de l’écriture du script que Veber reprend ce personnage fictif de François Perrin, et s’amusera à le réemployer dans On aura tout vu (1976), avec Miou-Miou et La chèvre (1981). Dans ce dernier il associe Richard à Gérard Depardieu pour donner au cinéma français un duo inscrit dans les annales avec Les compères (1983) et Les fugitifs (1986) : Pierre Richard y affronte les aventures les plus rocambolesques avec sa légendaire inconscience. En même temps il tourne avec d’autres réalisateurs La carapate (1978) et Le coup de parapluie (1980) de Gérard Oury, Le chien dans un jeu de quilles (1982) de Guilhou, Le jumeau (1984) d’Yves Robert, et A gauche en sortant de l’ascenseur (1988) de Edouard Molinaro et signe en tant que réalisateur et scénariste Je suis timide...mais je me soigne (1978) et C’est pas moi, c’est lui (1979).

Le retour du grand blond (1974)Après le départ de Francis Veber en Amérique le comédien espace un peu ses apparitions à l’écran, rêvant d’un rôle dramatique où révéler, une autre face de son talent. Teint en brun, barbu, il porte une redingote noire et un chapeau haut de forme, dans Mangeclous (1988) de Moshé Mizrahi.

Néanmoins les années 90 ne sont pas tout à fait infructueuses. Richard réalise et interprète encore deux comédies écrites par lui-même : On peut toujours rêver (1991) et Droit dans le mur (1997). Il joue avec Michel Serrault (comédie policière Vieille Canaille (1992)) et avec Michel Piccoli (comédie La cavale des fous (1993)).

Son plus grand succés de la décennie est le travail sous la direction de la réalisatrice géorgienne Nana Djordjadze. La coproduction franco-géorgienne Les mille et une recettes du cuisinier amoureux (1996) a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 96 et reçu le Prix d’Interprétation Masculine au Festival de Karlovy Vary. Le dernier rôle de Richard sur le grand écran est dans la comédie dramatique géorgienne de la même réalisatrice L’été de mes 27 baisers (2001).

À plus de 67 ans, Pierre Richard, qui vit toujours sur une péniche sur la Seine au centre de Paris, entend bien montrer qu’il a le charisme nécessaire pour endosser des rôles difficiles et incarner les grands héros de la littérature. Il vient d’accepter le rôle de Robinson Crusoë dans un nouveau téléfilm tiré du roman de Daniel Defoe qui sera diffusé sur France 2.

L’acteur a sans aucun doute gagné en maturité, et prouve enfin qu’il n’excelle pas que dans le registre comique. L’action du drame L’amour conjugal (1995), dans lequel Richard joue un des rôles pricipales, se déroule en XVII-ème siècle.Les fugitifs (1986)

Pierre Richard est à la fois timide et a de l’amour-propre. Il est même un peu vaniteux, il peut se chagriner s’il ne trouve pas son nom dans la liste de meilleurs comédiens de la France. C’était le cas il y a quelques ans, lorsque par mégarde quelqu’un a oublié d’inscrire son nom dans la liste. Il traite sa célébrité de façon étrange. Parfois il ignore sa conduite dans telle ou telle situation. Il avoue qu’une fois sa partenaire de cinéma lui apprenait les manières d’une star de cinéma.

L’homme, comme le comédien, a mûri et, loin des feux de la rampe, n’hésite pas à s’engager en produisant des films documentaires sur des sujets d’actualité : la guerre en Tchétchénie, l’Algérie, la condition des Indiens d’Amazonie, la lutte contre la « malbouffe »...

Dans sa vie privée il est un peu excentrique. Après le divorce il ne s’est pas marié, mais il vit avec une « petite amie », une mulâtresse Aïcha.

Parmi ses passions les plus voyantes sont une voiture de course et une motocyclette. Pour se maintenir en forme il court tous les matins. Mais sa vraie passion, c’est le vin. Il possède 20 ha de vigne dans les Corbières qui produise environ 80 000 bouteilles par an, dont 12 000 de rosé. Le comédien s’obstine à ne pas écrire son nom en gros caractères sur l’étiquette, afin que les gens achettent son vin pour ses qualités propres.

Сайт создан в системе uCoz